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Photo du rédacteurAryel Lafleur

L'anxiété et mon chien


Border collie
Voici ici deux merveilleux chiens heureux, mais souffrant d'anxiété généralisée :)

Votre chien a du mal à se reposer ? Est-il constamment sur le qui-vive, réagissant à tout mouvement ou bruit ? Il pourrait souffrir d'anxiété généralisée !


Les maladies mentales chez les humains sont, comme vous le savez, souvent taboues, bien que la situation s'améliore heureusement lentement ! On peut alors imaginer que chez les animaux, la prise de conscience n'est pas encore totale. Nous allons donc essayer de démystifier l'anxiété généralisée chez le chien et explorer des pistes de solutions pour améliorer son comportement.


Si vous avez lu mes autres articles sur l'éducation canine et le dressage, vous avez probablement remarqué une tendance dans mes conseils. Fidèle à moi-même, commençons par définir ce qu'est l'anxiété généralisée chez le chien.


Tout d'abord, il est essentiel de comprendre que les troubles de santé mentale chez les animaux sont de véritables maladies qui nécessitent, la plupart du temps, une intervention médicale. La stigmatisation entourant la santé mentale nuit considérablement à la compréhension de ces troubles et, souvent, blâme injustement les propriétaires de ces chiens. Si vous lisez ceci et craignez que la situation de votre chien soit de votre faute, détrompez-vous. C'est certainement multifactoriel ;)


L'anxiété, telle que décrite par la Dre Marion Desmarcheliers en 2020, est définie comme l'anticipation appréhensive d'un danger (réel ou imaginaire) ou d'une menace future.


Un chien souffrant d'anxiété dite généralisée et non circonstancielle présentera des signes de stress marqués dans diverses situations quotidiennes. Si votre chien est anxieux uniquement chez le vétérinaire, mais détendu dans toutes les autres facettes de sa vie, on peut alors parler d'anxiété circonstancielle. En revanche, si votre compagnon a du mal à se reposer à la maison, que ce soit le jour ou la nuit, sursaute à tout et n'importe quoi, est très réactif dans la rue, etc., il fait probablement de l'anxiété généralisée. Attention, les symptômes énumérés ne constituent pas une liste exhaustive ; votre chien peut présenter d'autres symptômes et avoir également de l'anxiété généralisée.



La manière dont le chien exprime son anxiété varie considérablement d'un individu à l'autre, un aspect similaire chez les humains ! Personnellement diagnostiquée avec une anxiété généralisée, je n'hésite pas à partager que mes symptômes incluent la tachycardie, la nausée, les tremblements, et la sensation de boule au ventre.


Cependant, visuellement, la plupart des personnes avec lesquelles j'interagis au quotidien peuvent penser que je suis détendue, abordant les tâches quotidiennes avec une apparente facilité. Tel un canard sur l'eau, mes pieds semblent toujours avancer à toute vitesse, même si en surface, je donne l'impression d'être calme. D'un autre côté, des personnes de mon entourage, partageant le même diagnostic, peuvent être très volubiles en période de stress, avoir du mal à se poser ou se concentrer, voire à prendre des décisions lorsqu'elles sont confrontées à cette nécessité. Pourtant, le problème sous-jacent reste le même.




Cette diversité dans la manifestation de l'anxiété est également présente chez les chiens. Chaque individu va extérioriser son anxiété de manière unique. Par exemple, un chihuahua souffrant d'anxiété généralisée peut trembler une grande partie de la journée, aboyer au moindre bruit, refuser de manger à l'extérieur de la maison, et ne tolérer que d'être dans les bras. D'un autre côté, un berger australien présentant de l'anxiété généralisée peut être hyper réactif, parfois agressif, avoir du mal à se reposer pendant la journée, ne pas supporter d'être touché, etc. Les propriétaires de ces deux types de chiens réagissent différemment : ceux ayant des bergers australiens ont plus tendance à consulter un vétérinaire ou un spécialiste en comportement canin, tandis que certains propriétaires de petits chiens peuvent justifier le comportement en disant 'il est comme ça, c'est un chihuahua, c'est normal'. Cependant, les deux chiens vivent probablement un niveau similaire d'anxiété, s'exprimant différemment en fonction de leur personnalité, de leur génétique et de leurs antécédents. Les deux nécessitent une intervention pour améliorer leur bien-être. Bien sûr, ceci est une généralisation, car j'ai de nombreux clients avec des petits chiens qui prennent des mesures pour aider ceux souffrant d'anxiété. Les exemples ci-dessus servent simplement à illustrer le point.


La plupart des propriétaires de chiens sont sensibles à la souffrance physique et au bien-être animal. En lien avec la conférence de Dre Desmarcheliers sur la santé mentale animale, une phrase qu'elle a partagée a particulièrement résonné en moi et guide ma pratique quotidienne en tant qu'éducatrice canine et technicienne en santé animale.


Pour résumer ses propos dans mes propres termes :

Pourquoi séparer la santé mentale de la santé physique alors que nous savons que les maladies mentales sont, elles aussi, de véritables maladies ? La santé, c'est la santé, point final.

Cela soulève la question de savoir pourquoi ne pas accorder autant d'importance à La détresse psychologique qu'à une patte cassée ? C'est peut-être une vision utopique, mais c'est l'un de mes plus grands souhaits pour la cause animale !


Comment l’anxiété peut-elle se développer ? 

Comme mentionné précédemment, l'anxiété est un phénomène très multifactoriel. En d'autres termes, elle peut découler de plusieurs causes, et il est rare qu'un seul élément dans la vie d'un chien soit responsable de son état.


La santé d'un chien commence même avant sa conception. Il semble effectivement y avoir une composante génétique similaire à celle des humains en ce qui concerne les troubles de santé mentale. Si les parents étaient naturellement nerveux ou anxieux, les chances que leurs chiots le deviennent sont accrues. Ensuite, il y a le stress global de la mère pendant sa gestation. Si elle a vécu des moments stressants, cela peut affecter les chiots, même dans le ventre. Enfin, l'une des étapes les plus cruciales est la socialisation. Nous recommandons à tous de suivre des cours de socialisation et de maternelle pour cette raison précise. Le chiot doit être exposé positivement à divers éléments de son environnement afin de développer une résilience au stress. Comme vous l'avez peut-être remarqué dans mon article sur les réalités de l'adoption d'un chiot, moi-même et la plupart des professionnels suivons également des cours de maternelle et de socialisation pour maximiser nos chances de succès.



En fin de compte, il est impossible de protéger un chiot ou un chien de tous les traumatismes. Des événements échappant à notre contrôle peuvent déclencher des réponses post-traumatiques et de l'anxiété chez un chien. Par exemple, un chien attaqué par un husky peut rester hyper vigilant envers cette race à l'avenir. De même, un chien présentant des tendances anxieuses ou très sensibles peut généraliser rapidement que TOUS les chiens sont une menace potentielle dans une situation similaire.



Que faire pour venir en aide à mon chien anxieux ?

  1. Gestion de l'environnement

La gestion de l'anxiété généralisée implique de prendre en compte de nombreux paramètres. En règle générale, pour traiter tout problème lié au stress, nous commencerons par réduire au maximum l'exposition aux situations et éléments pouvant provoquer du stress. Si votre chien réagit aux bruits dans la maison, envisagez de faire jouer la radio ou la télévision en permanence. Si votre chien aboie à la fenêtre, fermez les stores et appliquez des films givrés sur la fenêtre pour limiter la visibilité. S'il réagit aux chiens pendant les promenades, essayez de sortir pendant les moments plus calmes de la journée pour minimiser les rencontres stressantes.


  1. Enrichissement de milieu

Une fois que l'environnement est sous contrôle, je vous encourage à intensifier l'enrichissement quotidien de votre chien. Les chiens anxieux ont souvent moins d'opportunités de se dépenser physiquement en raison de la nature de leurs déclencheurs. Les activités masticatoires et l'enrichissement alimentaire, tels que le léchage, peuvent aider à réduire le rythme cardiaque et à induire un état de détente. Si votre chien a du mal à s'engager dans ces activités, proposez-les dans une cage (si bien tolérée) ou dans une pièce plus calme. Si j'étais à votre place, je ne proposerais aucun repas dans un bol (que votre chien soit anxieux ou non). Offrez-lui plutôt des jouets comme des Kongs congelés, des tapis de léchage, des os à gruger, etc.


  1. Allez chercher de l’aide

Comme mentionné précédemment, les chiens souffrant d'anxiété, d'une manière ou d'une autre, bénéficieront probablement d'une intervention médicale pour améliorer leur bien-être et leur comportement. La thérapie comportementale avec l'aide d'un professionnel du comportement canin est encore plus efficace lorsqu'elle est combinée à un plan d'intervention médicale proposé par un vétérinaire compétent en éducation canine et en santé mentale animale. Des spécialistes vétérinaires tels que Dre Marion Desmarcheliers, Dre Isabelle Bazin, Dre Isabelle Demontigny-Bédard sont présents au Québec pour venir en aide aux chiens et à leurs propriétaires. Si la liste d'attente est trop longue, n'hésitez pas à contacter votre vétérinaire habituel pour explorer les options en attendant votre rendez-vous. Des généralistes tels que Dre Ariane Jetté à l'hôpital vétérinaire des Seigneuries de Boucherville ou Dre Angelique Perrier-Edmunds à la clinique vétérinaire Sainte-Julie seront ravis de vous aider et de planifier un plan d'action adapté à vos besoins.


Après avoir lu cet article, avez-vous le sentiment que votre chien pourrait souffrir d'anxiété généralisée ou circonstancielle ? Quels comportements observez-vous chez votre chien ? Avez-vous déjà entrepris des consultations avec un éducateur canin ?


Dans tous les cas, votre atout essentiel pour surmonter l'anxiété de votre chien sera l'empathie, à la fois envers vous-même et envers votre chien. L'empathie jouera un rôle extrêmement important pour relever les défis posés par cette problématique. Quoi qu'il en soit, rappelez-vous que votre chien est votre meilleur ami et, croyez-moi, il en vaut la peine ;)


Au plaisir ! 





Aryel Lafleur, intervenante en comportement canin, copropriétaire et technicienne en santé animale




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