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Et si les chiens pouvaient parler ? Voici toute la vérité derrière les jappements !! (partie I)

Dernière mise à jour : 20 janv. 2022



Aline, mon chien jappe et c’est insupportable… mes voisins semblent patients, mais je redoute malgré tout de me faire expulser de mon logement. Et puis mes promenades sont un véritable enfer, mon chien est tellement réactif, tout le monde nous dévisage, je n’ose plus vraiment le sortir. Qu'est-ce que je peux faire pour réduire ses jappements ?


Ahhhhhhh les fameux jappements... cela faisait si longtemps que je rêvais d'en parler :) En tant qu’intervenante en comportement canin, je suis très souvent amenée à rencontrer des chiens qui jappent un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… au point de provoquer parfois celle de leurs humains ! Ce n’est un secret pour personne : les jappements constituent la raison #1 des demandes de consultation en comportement canin, que ce soit lors de la promenade à la vue d’un congénère ou d’un humain, ou à la maison suite à un bruit, ou encore à la fenêtre ou dans la cour. En bon gardien qu’il est, il faut avouer que Fido manque rarement une occasion de faire entendre sa belle voix :)

Mais est-ce si étonnant qu’un chien… jappe ? À vrai dire, non. J’aurais même envie de répondre par une farce à cette question : un chien jappe parce qu’il est un chien, tout comme un chat miaule parce qu’il est un chat, ou un hibou hulule parce qu’il est un hibou. Plus sérieusement, le jappement en soi n’est en fait rien d’autre qu’une histoire de génétique…


Ah oui, c’est vrai, vu comme cela, c’est normal qu’un chien jappe vu que c’est dans ses gènes… Mais alors, si c’est génétique, comment diminuer ce comportement ? Ne me dis pas qu’on ne peut rien faire ?....



On pourrait en effet se demander s’il est vraiment possible de déjouer des siècles et des siècles de sélection artificielle menée par nous-mêmes, humains, qui étions alors justement à la recherche des chiens les plus doués en vocalises et autres aboiements du genre, pour ne reproduire que les plus aptes à garder le territoire, à donner l’alerte, et à chasser. N’est-on pas justement le propre acteur de notre malheur, en ayant créé des chiens particulièrement “jappeux” ? Doit-on alors renoncer à régler le problème, et se consoler en disant que tout est de la faute de la génétique, quitte à servir cette explication à notre voisin qui menace de déposer plainte ? Après tout, le chien jappe car il possède les gènes qu’il faut pour cela, et l’on n’y pourra rien changer, à moins d’aller traficoter directement dans son ADN, non ?... Eh bien, pas tout-à-fait - et heureusement ! :) Il y a un autre facteur très important à prendre en considération.


Ah je vois, après la génétique, j’ai l’impression que tu vas nous parler d’environnement, c’est ça ? L’un ne va jamais sans l’autre, paraît-il...


Exact :) !!

Si la génétique est évidemment à l’origine de l’expression d’un comportement, l’environnement a lui aussi sa part à jouer, et c’est même là que mon métier d’intervenante en comportement canin prend tout son sens : grâce à la plasticité du cerveau du chien, on peut apprendre à Fido de nouveaux comportements, diversifier ses acquis, changer sa perception du monde, transformer ses émotions, etc. etc., et donc, en l'occurrence, on est capable de faire en sorte de diminuer l’intensité, la fréquence et la durée des jappements :) Youpppppeeeee !! Ça c’est une bonne nouvelle, n’est-ce pas ?....


Ohhhhhh est-ce que tu serais en train de nous dire qu’il suffirait donc d’apprendre la commande “silence” à Fido pour régler tous les problèmes de jappement ? J’ai justement vu passer ce conseil sur les réseaux sociaux...


Hum hum ! En fait, ce n’est pas aussi simple que cela… et tant mieux, en quelque sorte, car cela va nous forcer à mieux connaître pitou. Acceptons donc cette complexité comme un moyen d’enrichir et d’embellir notre relation avec notre fidèle ami. On lui doit bien cela, après tous ces siècles passés à nous rendre service et à partager notre quotidien, lequel est parfois même peu adapté à ses besoins fondamentaux :)



Il faut savoir que les jappements ne sont souvent que la pointe de l’iceberg, l’élément émergeant d’un rapport beaucoup plus complexe à la réalité : certes, le chien jappe parce qu’il est un chien, mais il produit ce comportement avant tout parce qu’il ressent une émotion, parfois intense, en lien avec son environnement, et provoquée par des déclencheurs externes ou internes. C’est seulement en essayant de décrypter les émotions vécues par pitou dans un contexte donné que l’on arrivera à réduire efficacement ses jappements, en appliquant alors le bon protocole en fonction de la situation spécifique : eh oui, il n’existe pas de baguette magique ni de solution unique à tous types de jappements, bien au contraire.



Tu veux dire que les jappements vont dépendre avant tout de ce que ressent le chien ?


Oui, c’est exactement cela :) Le jappement, à l’instar de notre parole, est un moyen, parmi tant d'autres, de communiquer, d’exprimer un besoin, une envie, une émotion. Et, bien sûr, comme pour nous, il existe chez le chien toute une gamme d'expressions : nous ne disons pas en tout temps toujours la même chose dès que nous ouvrons la bouche ! Il en va de même pour notre fidèle compagnon...


Parmi les émotions que le chien peut ressentir, on y trouve par exemple l’appréhension, la peur, la terreur, la joie, l’envie, la frustration, la colère, la rage, la tristesse, la douleur, la jalousie, le dégoût, l’amour, etc … Selon chacune de ces émotions et en fonction de leur intensité, le chien peut japper d’une certaine manière, dans les aigus ou dans les graves, de façon répétée ou non, en “prononçant” chaque “mot” différemment, selon que sa gueule est grande ouverte ou fermée, avec une intensité et une fréquence variables, etc… Cependant, le fait de nous baser uniquement sur la modulation des jappements risque de ne pas nous aider suffisamment à bien faire la part des choses : d’autres indices sont en effet nécessaires pour nous renseigner sur l’état émotionnel de Fido, tels que le langage non verbal (lecture globale du langage canin), les autres comportements émis en même temps que les jappements (que fait exactement Fido au moment où il jappe ?), et, évidemment, le contexte général, celui dans lequel se trouve le chien alors qu’il est en train de japper (jappe-t-il lorsqu’il reste seul à la maison ? Ou en promenade, à la vue d’un autre chien ? Ou lorsqu'il entend un bruit ? Ou encore, à la vue de la laisse, juste avant de partir en balade ?…).





Lorsque nous réunissons tous les indices, nous avons alors, la plupart du temps, une bonne idée de ce que traverse Fido, émotionnellement parlant. Ce travail de détective constitue la clef du succès pour appliquer par la suite la bonne recette en vue de diminuer les jappements. De plus, pour revenir à ce que j’écrivais plus haut : “les jappements ne sont souvent que la pointe de l’iceberg”, le fait de tenir compte de l’ensemble du tableau et de s’interroger sur la fonction du comportement est aussi un joli moyen d’arriver à mieux comprendre notre ami poilu, et de faire en sorte d’améliorer sa qualité de vie. Et ce point est d’ailleurs primordial pour moi, en tant qu’intervenante en comportement canin : autant mon rôle est de répondre aux attentes de mes clients humains (lesquels sont, et cela se comprend !, souvent nerveusement à bout : avoir un chien qui jappe sans arrêt peut s’avérer rapidement insupportable, “usant” et stressant…), autant il est de mon devoir de m’assurer du bien-être du chien. En effet, il ne s’agit pas “d’empêcher Fido de japper”, mais, plutôt, de faire en sorte qu’il n’en ressente plus le besoin, ou qu’il émette un autre comportement à la place, ce qui est très différent que de simplement traiter « le jappement ». Le jappement est la partie visible (audible, en fait !) d’un état interne, c’est-à-dire un symptôme. Pour diminuer réellement ce comportement, il va falloir donc régler le problème “à la source”, par exemple en apprenant au chien à se sentir en sécurité, si c’est de la peur qui est à l’origine des jappements, ou à gérer sa frustration, s'il s'agit de demandes d'attention.


Ok Aline, j’ai bien compris que les jappements ne sont que le reflet d’un état interne de Fido, et que pour les réduire, on doit comprendre ce qui se passe dans sa tête, et travailler sur ses émotions. Ça c’est clair. Mais concrètement, comment s’y prend-on ?


Oh là là, je crois que je vais avoir besoin de tout un autre article pour pouvoir te répondre adéquatement :) !

Si tu as la patience d’attendre, je te propose de te retrouver la semaine prochaine pour exposer trois situations parmi les plus courantes; Ce sont celles que je rencontre bien souvent en consultation :


  1. Les jappements dans un contexte de réactivité

  2. Les jappements de peur aux bruits

  3. Les jappements de demande d’attention


Bien sûr, chaque chien est unique, et il se peut que ces conseils ne suffisent pas à vous aider, toi et ton pitou. D'ailleurs, il faut savoir qu’en général, plus l’intensité des jappements est élevée, plus l’émotion vécue pour pitou est forte, plus le travail sera donc long. Si, en plus de cela, tu observes que Fido prend beaucoup de temps à se remettre d’une situation qui l’a fait réagir, alors je conseille vivement de te tourner dès maintenant vers un intervenant qualifié, qui travaille de façon éthique, sans peur ni force. N’hésite pas à consulter notre site Trop Chien, on se fera un plaisir de t’aider si tu habites à Montréal ou sur la Rive-Sud. Pour les autres régions au Québec, voici la liste des professionnels du RQIEC où tu pourras trouver facilement un intervenant qualifié pour t’épauler dans ton protocole :)


Sur ce, je te dis à bientôt, pour des aspects plus concrets qui vont t'aider à retrouver calme et sérénité en compagnie de Fido :) !! Voir la suite de cet article.



Article écrit par Aline Bichsel,

Copropriétaire de Trop Chien Inc., et intervenante en comportement canin

















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